Résumé du livre

Le compagnonnage souverain de Jean Giono

Intertextualité et art romanesque

Le dialogue avec les oeuvres d'autrui caractérise la production de Giono dès le début. Le renouvellement de la matière romanesque dans les Chroniques s'accompagne d'un usage abondant de références littéraires. Afin d'appréhender la richesse du jeu intertextuel auquel il se livre, il convient tout d'abord d'en élaborer une typologie, même si la pratique complexe et subtile de ce jeu vient bousculer parfois les taxinomies des théoriciens de l'intertextualité. Le dialogue fécond que Giono entretient avec les grandes voix de la littérature universelle est inséparable d'une conscience de plus en plus aiguë de la réflexivité de l'oeuvre et d'une mise en scène du processus de l'écriture au sein même de la fiction, comme en témoignent la démultiplication et l'emboîtement des mises en abyme de la figure de l'écrivain. La diversité, l'imbrication et la prolifération des références donnent à l'oeuvre une consistance qui lui permet de retrouver le bouillonnement du réel par la médiation de la littérature. Le compagnonnage du romancier avec ses auteurs d'élection lui fournit enfin un lexique où s'expriment avec force les grandes tensions de l'imaginaire. Un dialogue s'instaure alors dans la polyphonie de l'oeuvre qui permet à l'écrivain Giono de jeter ses échafaudages et ses passerelles, de tisser ses réseaux, au travers du vide de la page blanche.