La Machine matrimoniale ou Marivaux
Résumé du livre
Les différences mises en scène sont naturelles et culturelles, comme l'est «la loi générale du mariage». C'est par nature que les êtres sont distincts ; que les sexes se désirent ; que les individus sont inégaux ; que les parents engendrent et vieillissent. C'est par culture que le sujet rencontre l'alter ego comme son rival en dialogues ; que le jeu de la chasse amoureuse est réglé selon le code de l'initiative masculine ; que le valet est tutoyé ; que le mélange des générations est inconvenant. Non seulement chaque différence se dispose selon sa propre contradiction (par exemple la différence des femmes selon celle qui oppose l'infériorité de la femme vaniteuse et la supériorité de la féminité civilisatrice), mais la culture en général renforce les inégalités naturelles au lieu de les compenser ; et le mixte de nature et de culture en est venu à un état de confusion historique tel qu'il urge de guérir les injustices prédominantes. Le théâtre doit lutter par le rire contre les mauvaises figures culturelles : l'amour-propre, la coquetterie, et les formes, jugées ridicules, de mésalliance, par snobisme ou indécence.
Soi-même ou un autre, homme ou femme, inférieur ou supérieur, jeune ou vieux, ce quadruple registre de la différence traversée par le désir, la comédie en module le drame et, selon son genre, en machine la bonne fin dans un esprit d'arrangement : mariage des rivaux, ou marivaudage.
M. D.