On sait que Freud n'a pratiquement pas théorisé le concept de contre-transfert
et qu'il a laissé à l'état d'ébauche métapsychologique celui
de transfert qui, du point de vue psychopathologique, est pensable comme
le processus critique par excellence. Le transfert est crise et même selon
la seule acception que la psychanalyse peut accorder à ce mot, en ce sens
où le rêve est une psychose dans la nuit de chacun et où tout symptôme est
la modalité d'existence critique et clinique d'une théorie singulière et
occulte de soi. Dans ces conditions, le concept de contre-transfert ne
gagne-t-il pas à rester celui de l'implicite métaphore négative du père dans
l'analyse ?
Pourtant, la nécessité d'ouvertures cliniques de la psychanalyse à des
«pathologies» qui paraissaient hors de son champ, a entraîné de très nombreux
travaux à accorder une importance technique et théorique centrale
au concept de contre-transfert. Comme si c'était le contre-transfert qui
venait à subsumer la crise et, dès lors, à servir d'instrument psychique prévalent
de l'observation et pour la compréhension des expériences critiques
vécues par les patients. D'où le renforcement de certaines significations
accordées à la technique psychanalytique et des changements tout à fait
déterminants de la structure et de la fonction de la théorie.